Dans le cadre de l’unité d’enseignement 13 (UE13), qui est optionnelle durant la 2ème année de formation, nos étudiants doivent entre autres :

  • Approfondir un domaine de formation ou d’apprentissage professionnel
  • Mener une réflexion sur l’orientation de ses projets de formation et professionnel
  • Réaliser des rencontres professionnelles…

Dans ce contexte, nous vous invitons à découvrir le témoignage de Luca, étudiant en 2ème année au CEERRF, pour valider son UE13

En route vers le championnat du monde

Afin de valider mon UE13, j’ai décidé d’intervenir auprès de sportifs de haut niveau, en intégrant le staff médical de l’équipe de France de Grappling.

Pour pratiquer ces actes, j’ai été accompagné par le masseur kinésithérapeute François MAUBERT, que je remercie pour tout le temps qu’il m’a consacré, ses conseils et sa bienveillance.

Je remercie également la fédération française de Grappling de m’avoir permis de les suivre durant cet évènement, enfin un grand merci à tous les sportifs qui m’ont fait confiance et accepté que je réalise des soins sur leur personne.

Les championnats du monde de Grappling 2022,  s’est déroulé à Pontevedra en Espagne, du 13 au 16 octobre 2022, le staff médical, coachs et athlètes était composé de 18 athlètes, 4 coachs, 1 kinésithérapeute et moi.

Championnat du monde grappling

Le grappling

Le Grappling est un sport qui réunit « l’ensemble des sports de préhension » existant depuis les origines des sports de combat. Sa révolution « moderne » est liée au Jiu-jitsu, une branche brésilienne de l’ancien Kodokan Judo. Elle a été mise en lumière, dans les années 90, avec les confrontations inter styles. C’est un sport de combat, qui mélange donc Judo, Jiu-jitsu et Lutte traditionnelle avec une forte notion de soumission contrairement aux autres arts martiaux, comme des luxations ou étranglements. De nombreux coups sont permis et les actions sont principalement menées au sol. La logique initiale estimait que le sol est le seul mode de combat, dans lequel « la technique peut dépasser la force ». L’élément fondamental de la discipline est l’utilisation du « principe de levier, permettant une utilisation minimale de la force physique ». Lorsque « la douleur » est trop forte, le combattant déclare forfait. Ce sport comporte une grande part de stratégie. Pour un combattant, la soumission reste la « vérité » du combat, néanmoins, les notions de prise de contrôle de son adversaire restent essentielles, et permettent de marquer des points, sur un contrôle latéral, à cheval, ou dans le dos.

L’évènement

Lorsque nous sommes arrivés, nous nous sommes rendus sur le lieu de compétition. Les juniors combattaient les finales. Avec François MAUBERT, nous avons installé la table dans un coin pour procurer des soins à quelques athlètes de l’équipe junior comme Il y a eu du strapping et du massage.

Après cela, toute l’équipe sénior, coachs et staff médical sommes rentrés à l’hôtel ou nous avons installé à nouveau la table dans notre chambre pour procurer certains soins aux athlètes de l’équipe séniors. Nous sommes restés « ouvert » jusque 23H00. Certains avaient les jambes « lourdes », d’autres mal au cou et au dos, dû au voyage ou encore à des anciennes blessures et nous avons pratiqué beaucoup de lever de tension, de massages et d’étirements.

Réveil à 6H00 pour tout le monde, nous avons pris la navette de l’hôtel vers le lieu de compétition. Une fois arrivés au gymnase, nous avons réinstallé la table pendant que les athlètes allaient à la pesé. Les combats ont commencé à 10H00. Il y avait 4 ou 5 combats par athlète selon les catégories en fonction des victoires et des défaites. Un système de repêchage existe : tous les combattants, qui ont perdu contre les deux finalistes, re-combattent entre eux pour qu’il y ait deux 3èmes sur le podium. Les athlètes combattaient en short et tee-shirt.

Nous avons installé la table dans un coin stratégique ; en hauteur afin d’avoir une vue globale sur les combats et anticiper en cas de blessure. Il a fallu gérer les priorités et traiter les « urgences » dans un premier temps. François MAUBERT avait ramené une trousse bien complète avec tout le matériel nécessaire (strappe, ciseaux, crème, produit hygiénique …)

Avant les combats, certains athlètes nous ont sollicité afin d’être massé et strappé.

Dans ce genre de compétition lorsque l’on strappe l’articulation d’un athlète sur une blessure, il faut ruser et faire ce que l’on appelle « un leurre », en strappant l’autre articulation. De cette façon on trompe l’adversaire qui ne pourra pas savoir qu’elle est réellement l’articulation touchée et attaquer le membre faible.

Après et/ou entre les combats, c’est le moment où nous avons eu le plus de travail. Il a fallu strapper certaines probables entorses de genoux, de coudes, de chevilles et poignets (à confirmer avec imagerie), suite à des clés articulaires (principe d’emmener une articulation au maximum de son amplitude : soit en flexion, en extension ou hyperextension ou encore en torsion). Les grappleurs ont tendance à ne pas taper pour abandonner et à aller au bout du combat malgré une clé ou un étranglement (principe de soumission), ce qui entraine diverses lésions sur les muscles, les tendons, les ligaments et cause des entorses, luxations voire fractures. Nous avons aussi été sollicités pour la congestion des avant-bras, que nous avons gérée avec des « floss band » (installation de bandes élastiques surtout au niveau avant-bras pendant 1min30 / 2min). Nous avons pu pratiquer des levées de tensions, du massage et des étirements.

Les combats se sont terminés vers 19H30, de 20H00 à 20H45, il y a eu les podiums de chaque catégorie de poids et de genre avec remise de médailles et nous avons pris la navette pour rentrer à l’hôtel a 21H45.

La journée s’est déroulée de façon identique à celle du vendredi. Il y a eu la pesée athlète, le petit déjeuner et les combats. Les horaires étaient également les mêmes. Cette fois-ci les athlètes devaient combattre en Kimono. Les projections ressemblaient plus à du judo qu’à de la lutte, contrairement à hier.

Ce jour-là nous avons du strapper une suspicion de côte cassée, procéder à certains Trigger Point surtout au niveau du petit pectoral, masser et étirer les athlètes.

Nous avons pris l’avion en équipe à 8H00 du matin. Vers 11H nous sommes arrivés à l’aéroport. Les coachs ont fait un debrief de l’évènement et étaient assez satisfaits dans l’ensemble, du travail de tout le monde. Enfin nous nous sommes tous dit au revoir.

Role du kinésithérapeute

La place du kinésithérapeute

J’ai beaucoup apprécié la place du masso – kinésithérapeute durant cet évènement. Il est celui qui gère la récupération et qui procure les soins (le plus souvent du massage, des étirements et des levés de tensions) aux combattants. Il est aussi celui qu’on vient voir pour avoir des conseils, il est l’expert dans son domaine qu’il maitrise. Il est la personne de référence.

La satisfaction est encore plus présente, après la victoire et la montée sur le podium des athlètes.

Nous étions la seule équipe avec un staff médical présent sur place, cela m’a surpris, j’ai notamment été impressionné par la sollicitation des athlètes envers nous. Nous avons eu également des demandes de soin de la part d’athlètes étranger.

Cependant lors d’un déplacement comme celui-ci, le kinésithérapeute ne connait pas forcément chacun des athlètes, il doit alors avant toute prise en charge, faire un bilan de chacun des sportifs au cas par cas, afin d’avoir un suivi optimal durant le championnat et cela demande beaucoup de connaissances spécifiques, de précision, de rigueur et de temps.

De plus, c’est à lui de tout organiser : installation et désinstallation de la table et du matériel, du lieu de compétition à l’hôtel, cela demande un investissement personnel conséquent et des sacrifices jusque tard le soir.

J’ai évoqué avec mon tuteur la rémunération sur une compétition de ce genre, à savoir combien il gagnait d’argent. Ça ne représente pas une grosse somme par rapport à ce qu’un masso-kinésithérapeute peut gagner en cabinet libéral, mais sa passion pour son métier et les sports de combat prime sur la rémunération. Je trouve que c’est une belle mentalité.

C’était une première pour moi en tant que professionnel de santé. J’ai pu améliorer ma pratique notamment en massage. J’ai appris à strapper cheville, genou, coude et thorax.

À mon arrivée au sein du collectif, je craignais d’être vue comme un stagiaire et qu’aucun athlète ne me sollicite. Bien au contraire, ils ne faisaient pas de différence entre mon tuteur ou moi et j’ai tout de suite été intégré à l’équipe en tant que soignant.  Je suis reparti confiant et fier du travail que j’ai fourni. Si cela était à refaire, j’y retournerais avec plaisir.

Ces quelques jours passés au championnat du monde de Grappling, dans le cadre de la validation de l’UE13, ont été une opportunité pour moi, car je voulais ressentir le sentiment et le devoir d’un kinésithérapeute lors de grands évènements (coupe du monde, championnat, JO…).

J’ai effectué mes précédents stages dans des hôpitaux, cliniques ou encore dans des cabinets libéraux, je connaissais donc leur fonctionnement. J’étais alors curieux de découvrir la posture professionnelle et le rôle du masso-kinésithérapeute au sein d’un collectif sportif sur le terrain.

Cela a été une expérience folle et unique, riche en émotions et en apprentissages. Des joies, des rires et des soins, j’ai été ravi de participer à ces championnats. Je tiens une nouvelle fois à remercier la Fédération Française de Grappling et les athlètes ainsi que mon tuteur François MAUBERT pour son excellente pédagogie. Merci également au CEERRF qui nous donne la possibilité de vivre de tels évènements.