Gede Parta Kinandana : soigner, enseigner et faire rayonner la kinésithérapie à Bali

Kinésithérapeute passionné et enseignant engagé, Gede Parta Kinandana exerce sur l’île de Bali, en Indonésie. Fort de son expérience personnelle d’athlète et de ses années d’étude et de pratique, il revient sur son parcours, les spécificités du système de santé indonésien, et sa vision du métier.

Une vocation née sur les terrains de sport

Comme beaucoup de professionnels de santé, Gede Parta Kinandana a découvert sa vocation à travers sa propre histoire. « J’étais un athlète au lycée et j’ai connu de nombreuses blessures aux chevilles », raconte-t-il. Ces passages répétés chez le kinésithérapeute ont éveillé sa curiosité pour cette discipline, essentielle à la récupération fonctionnelle. « Avant chaque compétition, je devais m’assurer d’être bien préparé, et cela passait par la kinésithérapie », se souvient-il. Cette proximité entre la performance sportive et la thérapie physique a profondément influencé son orientation professionnelle.

Un parcours académique exigeant

En Indonésie, le chemin pour devenir kinésithérapeute peut prendre plusieurs formes. Deux voies principales existent : le parcours diplômant (trois ans d’études) et le parcours professionnel (environ cinq ans et demi, dont quatre ans pour le niveau de base et un an et demi supplémentaire pour la professionnalisation). Gede précise que ce système évolue, notamment autour des spécialisations, encore peu formalisées.

« Il existe bien des spécialisations, mais elles ne sont pas encore intégrées dans un programme éducatif national officiel », explique-t-il. Les kinésithérapeutes souhaitant approfondir un domaine peuvent cependant suivre des formations post-universitaires ou s’inscrire à des sous-groupes professionnels, comme ceux dédiés à la kinésithérapie sportive ou orthopédique. C’est d’ailleurs ce qu’il a fait : « Je ne suis pas spécialiste à proprement parler, mais je suis certifié en kinésithérapie manuelle orthopédique. Je travaille principalement sur les problèmes de colonne vertébrale. »

Une obligation de formation continue

En Indonésie, comme dans de nombreux pays, la formation continue n’est pas seulement recommandée : elle est obligatoire. « Il existe un système de crédits professionnels (SKP), à accumuler pour maintenir son inscription en tant que kinésithérapeute », précise Gede. Ces points s’obtiennent en participant à des conférences, ateliers, séminaires ou autres événements académiques. Sans cela, le professionnel ne peut plus exercer légalement.

Ce mécanisme pousse les praticiens à se tenir constamment informés des dernières avancées scientifiques et techniques dans leur domaine, contribuant ainsi à une meilleure qualité de soins pour les patients.

Le plaisir d’aider et d’enseigner

Lorsqu’on lui demande ce qu’il préfère dans son métier, Gede ne parle pas d’abord de techniques ou de résultats chiffrés, mais de relation humaine. « J’aime voir comment les patients progressent, passer de l’impossibilité à l’autonomie. C’est magnifique », confie-t-il avec enthousiasme. Pour lui, la kinésithérapie n’est pas seulement une science du mouvement, mais aussi une science de l’écoute et de l’accompagnement.

Ce goût pour le partage l’a naturellement conduit vers l’enseignement. « Enseigner, c’est la meilleure façon de se souvenir sans avoir à relire un livre », plaisante-t-il. À travers ses cours, il transmet son expérience, ses connaissances et sa passion. « Quand j’étais étudiant, j’aimais déjà partager ce que j’apprenais avec mes camarades. Aujourd’hui, j’ai la chance de le faire à plus grande échelle. »

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Gede Parta Kinandana : soigner, enseigner et faire rayonner la kinésithérapie à Bali

Le système de santé indonésien : entre public et privé

Interrogé sur le fonctionnement du système de santé indonésien, Gede en dresse un tableau nuancé. « Globalement, c’est un bon système. Les gens paient une assurance santé, qu’ils peuvent utiliser en cas de problème », explique-t-il. Toutefois, l’accès aux soins et la qualité des prestations varient selon les niveaux de couverture. Pour la kinésithérapie, l’assurance ne s’applique que sous certaines conditions : elle nécessite l’autorisation préalable d’un médecin rééducateur.

Par ailleurs, dans le secteur privé, les soins de kinésithérapie ne sont généralement pas pris en charge, ce qui oblige les patients à payer de leur poche. « Cela peut constituer un frein à l’accès aux soins, surtout pour les familles à faibles revenus », souligne-t-il.

Un équilibre entre public et privé

En Indonésie, la répartition des kinésithérapeutes entre secteur public et privé est relativement équilibrée, bien que légèrement en faveur du privé. « Environ 60 % des kinésithérapeutes travaillent dans le secteur privé, souvent dans leur propre cabinet, et 40 % dans le public. Mais beaucoup cumulent les deux », précise Gede. Il n’est pas rare, en effet, qu’un praticien travaille à l’hôpital le matin, puis reçoive des patients en libéral le soir.

Cette polyvalence reflète à la fois la souplesse du système et la motivation des professionnels, qui cherchent souvent à diversifier leurs sources de revenus tout en répondant à une demande croissante de soins personnalisés.

Des salaires très variables

Concernant les rémunérations, Gede reconnaît une grande disparité. « Le salaire moyen tourne autour de 10 millions de roupies par mois (environ 500 à 550 euros), mais cela dépend beaucoup de l’île et du lieu d’exercice », explique-t-il. Le salaire peut descendre à 5 millions de roupies dans certaines régions (environ 250 euros), et monter jusqu’à 50 millions dans les cas les plus favorables, notamment pour les praticiens très spécialisés ou travaillant dans des structures haut de gamme.

Ces écarts importants illustrent une réalité économique diverse en Indonésie, un archipel composé de milliers d’îles où les infrastructures de santé sont inégalement développées.

Travailler en Indonésie avec un diplôme étranger : un parcours semé d’embûches

À la question de la reconnaissance des diplômes étrangers, et notamment français, Gede répond sans détour : « Actuellement, ce n’est pas possible. Il y a de nombreuses réglementations et démarches administratives à effectuer pour obtenir une reconnaissance. » Toutefois, il se veut optimiste pour l’avenir. Avec l’essor des hôpitaux internationaux en Indonésie, notamment à Bali, il espère que davantage de professionnels étrangers pourront être recrutés dans les années à venir. « Ces structures attireront des soignants du monde entier. Ce sera une belle opportunité d’échanges et de développement pour notre profession. »

Gede Parta Kinandana : soigner, enseigner et faire rayonner la kinésithérapie à Bali

Une vision inspirante de la kinésithérapie

À travers cet entretien, Gede Parta Kinandana incarne une figure inspirante de la kinésithérapie moderne. Son parcours témoigne d’un engagement profond envers les patients, mais aussi envers la transmission du savoir et l’évolution du système de santé indonésien. En alliant pratique clinique et enseignement, il contribue activement à faire progresser une profession encore jeune dans son pays, mais pleine de promesses.

Dans un monde où la santé est de plus en plus globale, son témoignage rappelle combien la kinésithérapie repose avant tout sur l’humain : celui qui soigne, et celui qui, jour après jour, réapprend à bouger, à marcher, à vivre.

Entretien réalisé par Inès Fakri et Doria Belkouissem