Anne-Claire étudiante en troisième année au CEERRF pratique le cross country au niveau élite. Elle mène de front ses études, ses entraînements et la compétition…elle nous fait vivre son championnat de France 2018
2 days left. Arrivée à Vannes vers 19h30, après avoir pris le train à Paris. La mer toute proche, l’hôtel, le restaurant du soir… On en oublierait presque qu’on est là pour la bataille finale, qu’à la fin du WE la saison de cross sera terminée. PRESQUE.
1 day left. Il faut aller récupérer les dossards et surtout, repérer le terrain. Il fait beau, pas froid du tout, il y a de la boue mais pas trop. Le terrain n’a rien d’un hippodrome, contrairement à d’habitude, il y a très peu de plat et pas mal d’endroits où je pourrais m’amuser, me dépasser. Ce n’est pas si long 9km, après tout ça devrait bien se passer !
3 hours left. Départ de l’hôtel pour l’équipe « élite dames ». Il ne fait pas froid mais il pleut, et on appréhende déjà l’état du terrain. Encore 1h de route et on y sera. Tous, toutes. La tension monte, mais c’est l’habitude.
2 hours left. Arrivée à Plouay. Il ne pleut plus, mais c’est gagné, le terrain n’est plus qu’un énorme bourbier. Pas de cette boue liquide qui éclabousse quand on saute dedans, mais cette vraie boue collante, qui aspire les chaussures et vous agrippe les chevilles à chaque foulée. Adieu l’envol sur une jolie pelouse verte, adieu les belles relances. Les 9km semblent s’allonger un peu.
1 hour left. Début de l’échauffement. On voit les autres filles courir, celles des courses précédentes. Elles souffrent dans la boue, certaines en pleurent. Ça va être dur, les 9km vont en valoir 9 de plus. Et puis vient le moment de faire le vide, de courir sans penser à rien d’autre qu’à ce qu’il va se passer. L’entraineur qui donne ses derniers conseils. Faire ses gammes, se préparer.
15 minutes left. Changement de chaussures. J’ai choisi des pointes de 15mm, les plus grosses, il y a un passage court sur un terrain dur mais je préfère avoir un peu mal que de glisser dans la boue. Photo de départ, on n’a pas vraiment la tête à ça mais on ne pense pas non plus une seule seconde à refuser. Les autres sont là, tout autour, Sophie Duarte, Cassandre Beaugrand, les Kenyanes. On sent la tension tout autour de nous, plus personne n’est là pour jouer.
5 minutes left. Ça y est, on peut rentrer dans les box. A côté, c’est la bousculade, et nous, nous sommes bien contentes de connaitre la hiérarchie de notre équipe. Léa et Mélanie devant, puis Mathilde et moi parce qu’on part vite, et Orbélinda et Anne Laure parce qu’elles accélèrent progressivement. Il commence à pleuvoir… C’est bien comme ça.
2 minutes left. Le jingle est lancé, le compte à rebours aussi. La pluie tombe de plus en plus fort, elle est froide. Tous les parapluies s’ouvrent tout autour, mais la seule chose à voir, c’est l’étendue brune devant nous. Ce départ en descente. Il va falloir tout mettre dans la première impulsion, s’élancer pour conquérir ce terrain qui essayera d’être plus fort que nous, et courir, s’envoler vers l’arrivée.
1 minute left. Tout s’efface petit à petit. Les 9km qui en valent 18 ne sont plus importants, la pluie n’est plus importante. On n’a plus peur. Le compte à rebours tourne encore.
1 second left. C’est parti. Toutes les filles se tendent en même temps, les équipes se portent vers l’avant comme une seule. La terre est à nous, nous connaissons la boue que nous allons affronter et nous n’avons plus peur. Il faut voler vers l’arrivée. Peu importe comment, c’est la seule chose qui compte encore.
Elle a fini cette compétition en 46’12’’. Félicitation pour cette course qui montre sa détermination et son engagement qu’elle met aussi bien dans son sport que dans ses études