De la réingénierie de la formation initiale du masseur-kinésithérapeute, organisée par l’arrêté du 2 septembre 2015, s’est imposée la nécessité de faire évoluer l’approche pédagogique des matières fondamentales qui avait jusqu’alors prévalu.
L’enseignement de l’anatomie, nécessairement basée dans un premier temps sur des planches et croquis, doit ainsi tendre dans un second temps à intégrer un abord tridimensionnel, dont les fondements pourraient être constitués par la radio-anatomie médicale. En effet, l’évolution récente des techniques permet de bénéficier d’images d’une grande précision offrant une piste intéressante pour l’acquisition des connaissances par les étudiants, qui ne témoignent dorénavant que de peu d’intérêt pour les données livresques.
Connaissances théoriques en anatomie, palpation, technologie et imagerie médicale sont intimement liés. Ainsi, appréhender les différentes structures anatomiques selon plusieurs approches permet une assimilation facilitée des éléments constitutifs d’une topographie loco-régionale et contraint de mobiliser de façon raisonnée des notions souvent difficiles à percevoir. Ces différentes branches du savoir doivent constituer à terme le terreau d’une conception complète, élargie et transversale du corps humain.
Devrait alors émerger progressivement une démarche intégrative des différentes composantes, propre à établir une approche renouvelée des savoirs-faire masso-kinésithérapiques. A ce titre, les compétences acquises en imagerie médicale (radiologie standard, scanner, IRM et échoscopie) s’affirment autant comme une compétence autonome aux implications professionnelles immédiates que comme un complément utile à la compréhension des liens anatomiques et biomécaniques nécessaires à la pratique d’une thérapie manuelle aboutie.
Le diagnostic kinésithérapique, intégré par la loi du 26 janvier 2016 à la définition même de la profession de masseur-kinésithérapeute, s’établit à partir de connaissances précises mises en œuvre selon une démarche rigoureuse. Fondé exclusivement sur une expertise palpatoire reconnue, il constitue la clef de voûte tant de la reconnaissance de notre pratique au plus haut niveau de compétences que de notre indépendance professionnelle, qu’il est aujourd’hui nécessaire de conforter. Ainsi, seule une parfaite connaissance anatomique permettra l’inscription durable de notre profession réformée au rang des acteurs essentiels du système de santé dont la mutation est amorcée.
Eric Brin – Alexandre Hominal