Focus sur notre formateur : Gaëtan HENRY
Le CEERRF met en place une nouvelle actualité par mois, il s’agit d’un focus sur ses formateurs, leur expertise ou l’un de leurs travaux qui sont ici partagés et portés à votre connaissance.
Gaëtan Henry est un kinésithérapeute libéral diplômé de 2017. Eternel assoiffé de connaissances il s’est très vite tourné vers l’enseignement.
Il enseigne aujourd’hui dans plusieurs IFMK dont notamment le CEERRF et réalise des formations continues.
Passionné de sport et de préparation physique il a très vite orienté et spécialisé une bonne partie de sa pratique dans ces thématiques. Il est aujourd’hui le kinésithérapeute référent de l’EACPA club d’athlétisme de stature national et possède sa propre structure.
Le retour au sport chez le sportif
Lors d’une consultation, l’une des premières questions qui vient de la part d’un patient sportif est la suivante : « Quand pourrais-je reprendre le sport ? Serais-je prêt pour cet objectif ? » Ses questions parfois extrêmement difficiles à répondre font parties intégrantes du processus de soin.
En tant que soignant nous devons nous questionner et nous interroger sur cette thématique qu’est le retour au sport et constamment l’avoir en ligne de mire. Un arrêt de sa pratique sportive peut avoir des conséquences physiques, émotionnelles voire financières non négligeables sur le patient sportif.
Alors comment faire et comment optimiser au maximum le retour au sport ?
Un continuum
Le retour au sport doit être envisagé comme quelque chose de progressif, qui se prépare et s’anticipe. On pourra définir avec le sportif un retour à l’entrainement (return to practice), c’est à dire une reprise de certaines composantes de l’activité sportive, ainsi un footballeur opéré des ligaments croisés reprendra tout d’abord le renforcement musculaire, la course à pied à des allures relativement lentes ainsi que certains travails techniques en mono-tache et considérés comme à faible risque de récidive. Ce retour à l’entrainement peut être supervisé par le kinésithérapeute conjointement avec un préparateur physique et l’entraineur.
De manière graduelle, le sportif participera au fur et à mesure aux activités plus solicitantes tant physiquement que cognitivement (gestion de tâches multiples, de l’incertitude, prises décisionnelles) propres à son sport, c’est ce qu’on définira comme le retour au sport (RTS : return to sport). L’intensité y sera moindre qu’en situation compétitive afin de permettre au sportif de gérer l’ensemble des contraintes relatives à son sport de manière facilitée.
Chaque étape de ce continuum est validée par des critères objectivables et via l’approbation du sportif, de l’équipe soignante et même de l’entourage sportif, un monitoring du sportif tant de ses symptômes (douleur, fatigue) que de certains signes cliniques (gonflement, amplitude, force) est nécessaire.
Ce n’est qu’ainsi que le retour à la compétition (return to performance), c’est-à-dire le retour au niveau pré blessure (voir mieux) du sportif, peut-être mis en place et envisagé.
Le triptyque de la réussite
Ce retour à la performance doit envisager de multiples paramètres concomitants pouvant parfois rentrer en contradiction :
L’une de ces entités peut parfois prendre le pas sur les autres, par exemple un sportif ayant un objectif majeur sur une échéance à court terme pourrait être tenté de privilégier un retour le plus rapide et le plus performant possible au risque d’augmenter ses chances de se reblesser à nouveau.
Une décision concertée et multidisciplinaire
Au-delà de la santé du sportif d’autres enjeux peuvent venir interférer dans le processus décisionnel de retour au sport.
Ces enjeux peuvent être d’ordre compétitif, l’entraineur, l’équipe, et surtout le sportif lui-même pourraient être motivé par un retour à un niveau compétitif rapide, ou encore économique (si le sportif vit de son sport, pression des sponsors, de son club).
Le staff médical quant à lui voudra recentrer la santé du sportif au cœur de cette prise décisionnelle et priorisera un retour le plus sécuritaire possible.
L’ensemble des acteurs doivent être concerté et pris en compte dans ce processus, toutefois ce sera le sportif lui-même qui restera au centre et le principal acteur de sa reprise.
En tant que kinésithérapeute nous devons prendre en compte l’ensemble de ces paramètres dans notre rééducation afin d’aider aux mieux nos patients à répondre à leurs objectifs fixés.
Références :
Creighton DW, Shrier I, Shultz R, et al. Return-toplay in sport: a decision-based model. Clin J SportMed 2010;20:379–85
Ardern CL, Glasgow P, Schneiders A, et al 2016 Consensus statement on return to sport from the First World Congress in Sports Physical Therapy, BernBritish Journal of Sports Medicine 2016;50:853-864.
Mc Auliffe, S., Synott, A., Casey, H., Mc Creesh, K., Purtill, H., & O’Sullivan, K. (2017). Beyond the tendon: experiences and perceptions of people with persistent Achilles tendinopathy. Musculoskeletal Science and Practice, 29, 108-114.
Bisciotti, G. N., Volpi, P., Alberti, G., Aprato, A., Artina, M., Auci, A., … & Chamari, K. (2019). Italian consensus statement (2020) on return to play after lower limb muscle injury in football (soccer). BMJ Open Sport & Exercise Medicine, 5(1), e000505.